Vie des Saints de l'Eglise Orthodoxe et petite histoire des églises de France
Sainte Marcelle Le modèle des veuves chrétiennes, naquit en 330 au sein d'une des plus illustres familles de Rome. Mariée contre son gré, elle resta veuve après seulement sept mois de mariage et elle décida, malgré les nombreux prétendants qui étaient attirés par sa beauté et sa noblesse, de suivre l'exemple de la prophétesse Anne de l'Evangile (Lc 2) et de consacrer sa vie à Dieu. Ayant appris, par saint Athanase et d'autres clercs d'Alexandrie exilés à Rome à cause de l'arianisme, quel était l'admirable mode de vie de saint Antoine, de saint Pachôme et des autres moines des déserts d'Egypte, elle décida, la première, de mener une vie ascétique semblable en pleine ville. Elle transforma son palais de l'Aventin en monastère, où elle vivait avec d'autres nobles romaines, vierges et veuves, qui l'avaient prise comme mère spirituelle 1 , d'autres venaient lui rendre visite pour s'entretenir avec elle des sujets spirituels ou pour prier ensemble. C'est ainsi que, sous l'influence de Marcelle, Rome devint comme une seconde Jérusalem, et nombre de palais ou de maisons privées se transformèrent en écoles de la vertu.
De santé délicate, Marcelle savait régler son abstinence avec mesure. Elle s'était dépouillée de toutes choses superflues, distribuait avec largesse ses richesses aux pauvres et ne gardait que le strict nécessaire pour elle et pour sa maison. Elle évitait toute distraction ou relation mondaine, ne sortait que pour aller prier dans les églises de la ville ou sur le tombeau des martyrs, et passait le reste de son temps à étudier avec avidité l'Ecriture sainte. Quand saint Jérôme vint à Rome (30 sept.), en compagnie de Paulin d'Antioche et de saint Epiphane (382), attirée par sa réputation d'exégète, elle l'invita dans sa demeure et passa avec lui de longes moments, en lui posant des questions pénétrantes sur les passages les plus difficiles de l'Ecriture. Elle avait si bien saisi l'esprit du maître qu'après son départ pour Jérusalem (384), elle lui resta unie par une profonde amitié spirituelle et fut considérée comme l'interprète la plus autorisée de son enseignement. Lorsque les querelles autour des doctrines d'Origène divisèrent cruellement l'Eglise, après avoir longtemps gardé le silence, elle se décida à prendre la défense de l'Orthodoxie quand elle vit que ces doctrines dangereuses se répandaient parmi le clergé et les ascètes de la région de Rome, et elle réussit à confondre les ruses des hérétiques, tout en sachant garder douceur et pondération.
Vers la fin de sa vie, Marcelle se retira à la campagne, dans une de ses propriétés pour jouir de la solitude. Mais elle dut bientôt rentrer à Rome sous la menace de l'invasion des Goths. Quand les barbares, menés par Alaric, prirent la ville et la mirent au pillage (août 410), quelques uns d'entre eux surgirent dans la demeure. La sainte les reçut avec calme, sans paraître surprise ni effrayée. Ils lui demandèrent de lui livrer son argent. Elle leur répondit qu'une personne aussi pauvrement vêtue qu'elle n'était guère suspecte de garder quelque argent. Ils ne la crurent pas et se jetèrent sur elle en la frappant sans pitié ni respect pour son âge. Marcelle supporté les mauvais traitements sans une plainte, elle suppliait seulement ces brutes d'épargner sa fille spirituelle, la vierge Principia. De manière étonnante, les barbares se calmèrent soudain et conduisirent les deux femmes dans l'église de Saint-Paul, où sainte Marcelle remit en paix son âme au Seigneur quelques jours plus tard. En vraie philosophe du Saint-Esprit, elle avait passé chaque instant de sa vie comme une préparation à la mort, en s'offrant continuellement à Dieu comme un sacrifice agréable ; c'est pourquoi la mort fut pour elle l'accomplissement de ses désirs et le passage à la joie éternelle (début 411).
1 Albine, sa mère Sophronia, Asella, Léa, Principia et Eustochium, la fille de son amie Sainte Paule (26 janv.).
Source : Le Synaxaire. Vie des Saints de l'Eglise Orthodoxe par le hiéromoine Macaire. Monastère de Simonos Pétra au Mont Athos.