Vie des Saints de l'Eglise Orthodoxe vénérés en France
Saint Nicolas de Myre Emule des apôtres et fervent imitateur de notre Seigneur Jésus Christ, notre saint Père Nicolas devint un colonne vivante de l'Eglise par son zèle à défendre la foi et le modèle des saints hiérarques par son soin pastoral. Il s'est aussi montré le généreux intendant de la grâce de Dieu par ses innombrables miracles en faveur des pauvres, des délaissés, de ceux qui souffrent l'injustice et de tous ceux qui, jusqu'à aujourd'hui, réclament sa paternelle protection...
...Ce saint, dont le nom évoque la victoire du Christ sur la mort (nikê), vit le jour dans la ville de Patara, en Lycie, vers la fin du IIIème siècle, dans une famille chrétienne longtemps privée de progéniture. Dès sa plus tendre enfance, il manifesta son amour pour la vertu et son zèle pour l'observance des institutions de l'Eglise, en s'abstenant de prendre le sein de sa nourrice jusqu'au soir, le mercredi et le vendredi. Pieux et réservé, il fut éduqué dans les lettres sacrées et, tout jeune encore, il fut ordonné prêtre par son oncle, l'archevêque Nicolas. Veilles, jeûnes, prières étaient des vertus dans lesquelles le jeune clerc excellait depuis longtemps, mais, lorsqu'à la mort de ses parents, il distribua généreusement ses biens aux nécessiteux, l'aumône devient pour lui son plus grand titre de gloire devant Dieu. Il se considérait comme le simple économe des biens qui appartenaient aux pauvres, et mettait un soin tout particulier à garder secrètes ses bonnes actions afin de ne pas être privé des récompenses célestes (cf. Mt 6, 3). C'est ainsi qu'il sauva de l'infamie trois jeunes filles que leur père, acculé par les dettes, voulait livrer à la prostitution, en déposant secrètement, à trois reprises, suffisamment d'or pour les marier. Finalement découvert par leur père, Nicolas fit promettre à celui-ci, sous peine d'éternelle malédiction, de ne révéler à personne son bienfait. En retour, Dieu le fit briller devant les hommes par ses charismes et ses miracles. En route pour un pèlerinage aux Lieux saints, il apaisa à deux reprises, par sa prière, ma tempête qui mettait en péril le navire sur lequel il s'était embarqué.
A son retour, au milieu de l'allégresse populaire, il fut bientôt désigné comme évêque de la ville voisine de Myre, à la suite de l'intervention d'un ange auprès des évêques réunis en synode pour l'élection. Mis en prison pendant la grande et dernière persécution de Dioclétien et Maximien (305), le saint pasteur n'en cessa pas moins de confesser ses brebis spirituelles dans la foi. La paix de l'Eglise ayant été proclamée lors de l'avènement de Constantin, il fit preuve d'un zèle ardent pour détruire les temples des idoles et en chasser les démons. L'hérésie impie d'Arius ne tarda pas cependant à troubler et à diviser le saint Corps du Christ, mais elle trouva encore saint Nicolas au premier rang des champions de l'Orthodoxie, parmi les Pères réunis pour le Premier Concile Œcuménique de Nicée, en 325.
Après avoir sauvé la ville de Myre de la famine, en apparaissant au capitaine d'un bateau chargé de blé, l'homme de Dieu sauva de la mort trois officiers romains, injustement accusés de complot, en apparaissant en songe à l'empereur saint Constantin et au perfide préfet Avlavios. Un fois délivrés, les trois militaires, plein de reconnaissance envers le saint, devinrent moines.
A de nombreuses reprises, tant pendant sa vie qu'après sa mort, saint Nicolas est miraculeusement intervenu pour protéger les navires en détresse et ceux qui voyagent par mer, c'est pourquoi on le vénère comme le protecteur des navigateurs. C'est ainsi qu'il apparut un jour à la barre d'un navire en perdition dans une tempête et le conduisit à bon port. Une autre fois, il vint au secours d'un voyageur passé par-dessus bord et qui, aux cris de : " Saint Nicolas, viens à mon secours ! ", se retrouva soudain dans sa demeure entourés des siens ébahis. Pendant de longues années, le saint évêque fut pour ses fidèles, une véritable présence du Christ, l'Ami des hommes et le Bon Pasteur ; il n'y avait pas de malheurs auxquels il ne compatît, pas d'injustice qu'il ne redressât, pas de discorde qu'il n'apaisât. Il se distinguait partout où il se trouvait par son visage lumineux et l'atmosphère de paix radieuse qui se dégageait de sa personne. Lorsqu'après tant de bienfaits, il s'endormit dans la mort pour regagner le Royaume des cieux (entre 345 et 352), les hommes se lamentèrent d'avoir perdu leur pasteur et leur providence, mais les anges et les saints exultèrent de joie en recevant parmi eux le doux Nicolas. Ses saintes reliques furent déposées à Myre, dans une église construite en son honneur, où elles recevaient chaque année l'hommage d'un grand nombre de pèlerins et son culte se diffusa à Constantinople et dans tout l'Empire. Le diable, ne pouvant supporter cette gloire posthume, prit un jour la forme d'une vieille femme pauvre qui, sous prétexte de ne pouvoir entreprendre une si longue traversée, confia à des pèlerins en partance pour Myre, un jarre d'huile destinée à alimenter les veilleuses qui brûlaient perpétuellement devant le tombeau du saint. Mais, au cours du voyage, saint Nicolas apparut au capitaine du navire et lui donna l'ordre de jeter cette huile magique à la mer. Aussitôt fait, la surface des eaux s'embrasa dans un grand remous, suscitant l'effroi des passagers qui rendirent grâce à Dieu d'avoir, par l'intermédiaire de son saint, sauvé le sanctuaire.
En 1087, Myre étant tombée sous le pouvoir des Sarrasins, les troupes italo-normandes de la Première Croisade s'emparèrent des saints ossements et les transférèrent à Bari, en Italie du Sud (9 mai), un grand nombre de miracles s'accomplissant partout où elles passaient. C'est là que, depuis, elles sont vénérées. Saint Nicolas est avec saint Georges, l'un des saints les plus chers au peuple chrétien, tant en Orient qu'en Occident. Innombrables sont les églises qui lui sont consacrées, les fidèles ou les lieux qui ont pris son nom. Particulièrement révéré par le peuple russe comme protecteur des récoltes, il est considéré en Occident comme le patron des enfants et des écoliers, car, selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants hachés menu par un cruel boucher qui voulait les mêler à son pâté.
Source : Le Synaxaire. Vie des Saints de l'Eglise Orthodoxe par le hiéromoine Macaire. Monastère de Simonos Pétra au Mont Athos.